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31 Juillet 2022
Nom : Suzanne Alberte Eugénie MALHERBE Pseudonyme : Marcel MOORE Parents : Albert Malherbe Date de naissance : 19 juillet 1892 Lieu de naissance : Nantes (France) Date de décès : 19 février 1972 Lieu de décès : Jersey (Angleterre) Nationalité : Française Conjointe : Claude CAHUN Etudes : Lycée Gabriel-Guist'hau, école supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole Métier : Photographe, illustratrice, designeuse Mouvement : Surréalisme |
ENFANCE |
Issue d'une famille Nantaise, Suzanne Malherbe est la petite-fille de Dr Jean-Baptiste-Léonce Malherbe, médecin en chef des Hôpitaux civils de Nantes, et d'Armande Joséphine Rogier. Son père, Albert Malherbe, était un médecin et chirurgien français, adjoint au maire de Nantes en 1881 et 1892 et fille de Marie Eugénie Rondet, propriétaire.
Née en 1892, elle a un frère aîné, Jean qui décèdera à l'âge de 30 ans. Élevée par une gouvernante alsacienne, elle apprend par son intermédiaire l'allemand. Côté études, elle étudie au lycée Gabriel-Guist'hau situé près du centre-ville de Nantes.
LUCY ET LES ETUDES |
Suzanne rencontre Lucy Schwob par l'intermédiaire du père de celui-ci qui est un ami de longue date d'Albert Malherbe. Maurice Schwob est directeur du quotidien "Le Phare de la Loire", un des principaux quotidien de la ville qui a pignon sur rue. Les familles se fréquentent depuis le début des années 1900 et c'est au cours de l'année scolaire 1908/1909 que Lucy Schwob (15 ans) et Suzanne (17 ans) commencent une relation amoureuse qui va demeurer cachée dans un premier temps avant qu'une partie de la famille soit mise au courant dès 1917 quand les deux jeunes filles se mettent à vivre ensemble à la suite du mariage de Marie Rondet (devenue veuve d'Albert) et de Maurice Schwob qui a divorcé. La conservatrice Tirza True Latimer a émis l'hypothèse que cette relation de demi-sœur n'a pas seulement encouragé les collaborations créatives des jeunes femmes, mais a également facilité leur relation amoureuse. Suzanne et Lucy vivent dès lors dans un appartement au-dessus de l'immeuble du Phare, place du commerce.
Poursuivant ses études, Suzanne Malherbe s'inscrit à l'école des Beaux-Arts (1915-1918) et en parallèle s'occupe d'une rubrique mode dans le journal de son beau-père. Suzanne travaille comme graphiste, produisant des illustrations ornées influencées par le japonisme et la mode parisienne des années 1910. C'est là qu'elle s'invente un pseudonyme qui sera celui de Marcel Moore. En 1919, elle illustre le recueil de poèmes de Lucy (qui signe sous le pseudo Claude Cahun), "Vues et Visions" qui lui dédie ce livre en inscrivant : "À Marcel Moore. Je te dédie ces proses puériles afin que l’ensemble du livre t’appartienne et qu’ainsi tes dessins nous fassent pardonner mon texte. " A l'intérieur, Suzanne crée des illustrations à la plume semblables au style décoratif d'Aubrey Beardsley.
COLLABORATION |
En 1920, Suzanne rejoint Lucy qui s'est inscrite à la Sorbonne, à Paris. Passionnée de photographie, elle prend comme sujet sa compagne et réalise ses premières planches de collage et d'illustrations. Entre 1920 et 1937, elles se sont impliquées dans le mouvement surréaliste et ont contribué aux activités théâtrales d'avant-garde. Elle collabore également avec le poète Marc-Adolphe Guégan, produisant des illustrations pour deux de ses livres : L'Invitation à la fête primitive (1921) et Oya-Insula ou l'Enfant à la conque (1923).
En 1930, Suzanne Malherbe s'occupe des collages qui vont illustrer un autre livre de sa compagne, "Aveux non avenus". Elle y mélange images, symboles, et mots. Chaque collage vient donner une indication conceptuelle sur le chapitre qu'il est censé illustrer.
JERSEY |
Suzanne (Marcel Moore) et Lucy (Claude Cahun) s'installent sur l'île anglo-normande de Jersey, en 1937 probablement pour échapper à l'antisémitisme croissant et aux bouleversements politiques qui précèdent la Seconde Guerre Mondiale. Elles occupent une villa à Saint-Brélade. Les deux femmes se retrouvent confrontées trois ans plus tard à l'armée allemande venue occupée l'île. Elles se lancent alors dans la résistance (pour lesquelles elles seront reconnues par l’État Israélien). Suzanne parlait couramment l'allemand et était capable de traduire les notes et messages secrets qu'elle et Cahun composaient en allemand, dans l'espoir de faire croire aux troupes d'occupation qu'il y avait une conspiration sur l'île. Elle était d'ailleurs souvent celle qui prenait les risques les plus importants, glissant ses notes dans les poches des soldats allemands ou les laissant dans les voitures d'état-major allemandes.
Elles se font arrêter par la police allemande, le 25 juillet 1944 qui les emprisonne et sont condamnées à mort et emprisonnées. Leur maison et leurs biens sont confisqués et une grande partie de leur art détruit par les Allemands.
Elles ne devront leur salut qu'à la libération de l'île un an plus tard, en mai 1945. Là commence le déclin de leur santé et de leur énergie.
Claude Cahun meurt en 1954, laissant Suzanne seule qui décide de quitter la villa pour une autre.
Elle se suicidera le 19 février 1972.
PLUS |
En 2018, le Conseil de Paris nomme une allée du 6ème arrondissement de Paris en leur nom ou plutôt leur pseudonyme. Celle-ci se trouve près de là où elles résidaient lorsqu'elles vivaient à Paris.
Sources :
- Crédit Jersey Heritage Collections
- ARTE TV
- BNF
- www.cairn.info
- Wikipedia.en